samedi 4 mai 2024

LES PETITS

 

Il y a quelques jours encore j’ignorais jusqu’au nom de Marion Fayolle.

C’est à la librairie Youpi que j’ai vu qu’elle avait publié un premier roman, chez Gallimard, après d’autres publications en tant que dessinatrice. Et juste à côté du roman se tenait un petit joli livre papier crème avec en couverture le dessin d’un bébé nu endormi qui tient dans ses bras comme en songe ses parents unis, eux-mêmes endormis mais vêtus.

Cela s’intitule Les petits.

Et quand on l’ouvre, le premier dessin montre une dame en robe rouge, ventre très arrondi, qui pousse un landau vert tendre dont la bâche a la même rondeur de coquillage : double conque enveloppante et protectrice du ventre et du landau, qui masque au regard du lecteur le contenu supposé : un « petit ».

Les pages suivantes offrent au regard des situations simples où le point de vue de l’enfant croise celui de la mère ou du père. Situations simples comme la naissance ou l’allaitement au sein, les liens qui unissent la mère et l’enfant, l’attachement du père à l’enfant ou de l’enfant au père, etc...Mais le dessin, d’une grande limpidité, renvoie aussi bien à des rêves qu’à des questionnements : l’enfant boit au sein renversé comme dans un bol, l’enfant fillette qui s’écarte de la mère reste reliée à elle par le fil des tissus et les traits de la chevelure, traits et surfaces élastiques, souples mais indécollables comme du chewing-gum, l’enfant garçonnet se tient debout sous la robe bleue de la mère comme sous une cloche de verre...D’autres dessins interrogent : qui mène qui ? Est-ce une faille que l’enfant creuse entre père et mère, est-ce un pont que l’enfant établit entre père et mère ? L’éducation s’apparente-t-elle à un dressage ? A un modelage ? A la sculpture d’un être nouveau ? Et comme cela suit peu ou prou une vague chronologie, viennent les dessins figurant l’éloignement, l’émancipation, les inéluctables et séparations.

Les profondeurs psychologiques ou oniriques sont ainsi montrées, offertes à l’imaginaire comme à la réflexion, au fil de pages tendres et faussement naïves.

C’est une merveille.

Sans doute un jour lirai-je d’autres ouvrages - et le roman – de cette dessinatrice, mais ce recueil de clairs et mystérieux croquis féconde une infinie méditation sur les germes de nos relations intimes.

LES PETITS de Marion Fayolle paru aux éditions MAGNANI

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