vendredi 3 mai 2024

UN PREMIER MAI SPORTIF

 

Le 2 mai



J’apprends avec stupeur que monsieur Glucksmann le fils a été expulsé manu militari de la manifestation du 1er mai à laquelle il participait (à St Étienne). Qu’il a aussitôt mis en cause LFI (La France Insoumise) alors que les jeunes communistes ligériens revendiquaient cette action d’éclat. Comme à cette heure le candidat en tête de la liste du PS-place publique aux européennes n’est pas revenu sur ses déclarations, LFI a protesté et demande des excuses, ce qui renforce l’image de râleurs-mauvais coucheurs de ce mouvement : comme s’il y avait, à réclamer l’évidence, de l’aigreur, de l’amertume, de la colère, bref, des formes archaïques, ringardes donc malvenues de ressentiment. Le schéma est simple : un groupuscule infantile du PCF évince d’une manifestation un leader d’une autre gauche, lequel saisit l’occasion de s’en prendre à des tiers qui se trouvent être ses principaux opposants, et qui n’y sont pour rien. 

Billard à trois bandes et trois perdants.


Pour ma part, je me suis glissé sans incident parmi les manifestant.e.s d’ une ville moyenne de province.

Contrairement à certaines grandes villes et aux années précédentes où cette manif symbolique avait fait l’objet de violentes attaques policières, les cortèges ont cette année défilé dans le calme. Malgré la mauvaise humeur due à la surdité du pouvoir en place qui continue à appauvrir les classes populaires et moyennes au profit des plus fortunés. Dans le défilé de la sous-préfecture, il y avait environ 400 personnes, ce qui est considérable : à peine un millier de personnes s’étaient réunies pour protester contre le saccage des retraites ou la loi sécurité globale, et là, le 1er mai, ce n’était somme toute qu’une commémoration plutôt qu’une mobilisation urgente.


(Rappel : en 1886 des ouvriers de Chicago réclament la journée de travail de 8 heures (les véritables 3-8 : 8 heures de travail, 8 heures de repos, 8 heures de loisir) au lieu de 12 heures. Deux ouvriers sont tués par la police...Dès 1889 l’internationale socialiste élargit le mouvement qui s’exporte en Europe. Cette commémoration revendicative des travailleur-se.s devient « Fête du Travail » en 1941 (régime de Vichy, esprit de conciliation nationale) et jour chômé en 1948).


J’ai retrouvé quelques anciens.ne.s collègues que je connaissais en tant que militants, et j’ai été surpris qu’entre 2 slogans chantonnés leur conversation portât principalement sur le foot : je ne les savais pas supporters, ni accrocs au point de traverser une partie de la France ou de l’Europe pour soutenir les leurs à Lille, Lens ou Naples...Je montrais pour leur conversation ma bienveillance par un sourire modeste aisément contenu, tout en me demandant comment des gens réfléchis, engagés qui plus est dans des luttes sociales exigeantes et généreuses, pouvaient perdre tout sens critique pour défendre en territoire hostile les couleurs de la ville voisine – et de son club de millionnaires. Peut-être était-ce l’appartenance à un groupe solidaire qui les motivait, comme le groupe que nous formions d’ailleurs en ce 1er mai.

Mais bientôt, de sport en sport, la conversation tourna vers les jeux olympiques dont les coûts sont exorbitants, dont la tenue expulse les pauvres (visibles) de Paris, et où les exigences sécuritaires produisent bien des écueils : restrictions des déplacements, laissez passer obligatoires, badges et reconnaissance au faciès, interdiction de tout autre événement sur le territoire, par exemple les festivals d’été, afin de concentrer sur les J.O. tout le potentiel policier, exploitation de bénévoles au point que s’élèvent des accusations de travail déguisé.


Eh bien ! Mes collègues militants, habituellement prêts à soutenir leurs sportives et sportifs favoris (peut-on dire favorites?) délaissant sur le champ la casquette de supporter, espéraient que ces futurs Jeux montrent au monde entier les travers de l’organisation. Ils ne souhaitaient certes pas un événement trop grave, un attentat ou une catastrophe, mais ils envisageaient une multitude de petits accrocs, ou les excès de zèle des forces de l’ordre (comme ç’avait été le cas lors de la finale d’une coupe d’Europe où les supporters étrangers avaient été bousculés, frappés...et choqués du traitement à eux réservés). En somme, que la façade reluisante s’écaille et derrière le conte laisse paraître la réalité.

Cependant les mêmes, qui chantaient en ce 1er mai provincial et tiède « Même si Macron ne veut pas nous on est là », sacrifiaient une bonne part de leur salaire à payer leur déplacement en car pour suivre leur équipe.

La magie du sport n’est-elle pas merveilleuse ?

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire